Diocèse de Brooklyn
Stati Uniti d'America 11/1979
INTRODUCTION1 - On emploie le terme de « interreligieux » quand il s'agit de nos relations de chrétiens avec ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne. Les implications théologiques de telles relations sont développées dans les documents du Concile tels que « la Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes (Nostra Aetate).
2 - Un des buts du dialogue interreligieux est de favoriser une compréhension plus profonde et un plus grand respect des autres peuples et de leurs croyances, telles qu'elles sont. Un autre de ses buts est de discerner les éléments fondamentaux qui sont l'héritage commun des grandes religions du monde. Cependant il doit être hien clair que le dialogue religieux ne vise aucunement à cette uniformisation qu'on pourrait définir comme la tentative de créer une seule religion à partir des éléments traditionnels et sacrés d'une multitude de religions différentes.
3 - Dans le texte mentionné plus haut, les Pères du Concile font une importante déclaration au sujet du judaïsme, de l'islam, de l'hindouisme et du boudhisme, nous exhortant à reconnaître ces religions comme des forces positives avec lesquelles l'Eglise peut et doit entrer en dialogue. La Déclaration s'adresse ainsi aux chrétiens: « Que, tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socioculturelles qui se trouvent en eux (= ceux qui suivent d'autres religions) » (NA. 2).
DIALOGUE
4 - L'Eglise en dialogue est sensible aux formes concrètes que prend, chez l'homme, la recherche de Dieu. Cette quête de l'Absolu ainsi que l'expérience que l'homme a de cet Absolu prennent des formes multiples. Si nous sommes sensibles à la diversité de ces richesses, nous serons aussi amenés à saisir la relation particulière qui unit le judaïsme et l'islam au christianisme et à l'Histoire du salut, relation fondée sur le Dieu unique révélé dans la Loi et les Prophètes et en son propre Fils.
5 - Il est important que nous comprenions bien le sens du dialogue. La responsabilité que nous avons denous y engager ne diminue en rien la mission confiée à l'Eglise d'annoncer Jésus Christ au monde. « En vertu de sa mission divine, l'Eglise par nature doit annoncer Jésus Christ au monde » (Orientations et Suggestions pour l'application de la déclaration NA., 1974, 1). L'évangélisation est donc un devoir essentiel pour l'Eglise catholique.
6 - Dialoguer signifie que l'Eglise reconnaît comme de son devoir de promouvoir l'unité et la charité entre les hommes (NA. I) et la compréhension mutuelle entre les diverses traditions religieuses. Cela signifie, pour l'Eglise, être sensible à tout ce qui touche nos frères et soeurs juifs: « Pour éviter que ce témoignage rendu à Jésus Christ n'apparaisse aux juifs comme une aggression, les catholiques auront le souci de vivre et d'annoncer leur foi dans le plus rigoureux respect de la liberté religieuse telle qu'elle a été enseignée par le IIe Concile du Vatican » (Orientations et Suggestions N.A. 1974, I). Même en dehors du dialogue officiel, l'Eglise respecte et estime les religions non chrétiennes parce qu'elles sont les expressions vivantes de l'âme d'immenses groupes humains.
DU COTE CATHOLIQUE
7 - En toute loyauté envers nos frères juifs, nous devons leur faire connaître les aspects de la vie auxquels nous sommes particulièrement sensibles du fait de notre tradition catholique. Il existe un large éventail de réalités auxquelles la communauté catholique est sensible et s'intéresse du fait de certaines valeurs ethniques ou nationales, intérêt partagé dans bien des cas par la communauté juive:
a) Le respect de la vie à tous ses stades. La vie est une valeur comme telle, et elle doit être soutenue et protégée. En tant que catholiques, nous ne faisons aucune distinction et ne respectons pas un genre de vie plus qu'un autre.
b) Nous avons aussi un grand souci de la qualité de la vie et une doctrine sociale de longue tradition que nous exprimons en termes de libération de la faim, de la maladie, de l'oppression et de l'ignorance.
c) Chaque personne a le droit d'expérimenter dans sa vie et de connaître les valeurs morales et ce qu'enseigne la religion. L'éducation incombe d'abord à la famille, et l'Etat ne peut s'attribuer, dans la société, le monopole de l'éducation des enfants. L'Etat ne doit pas pénaliser, en leur imposant un double impôt, les familles catholiques qui désirent, comme c'est leur droit, éduquer leurs enfants dans des écoles catholiques.
d) Même si l'Etat a des droits étendus, il n'est pas toute la société. L'action du gouvernement est limitée par les exigences du bien commun comme par les droits propres à chacun des citoyens.
e) Nous sommes invités par une longue tradition à accueillir tous les peuples dans notre communauté. L'étranger doit être considéré non comme un ennemi mais comme un frère auquel nous devons faire bon accueil et offrir l'hospitalité.
f) Tous les organismes bénévoles dont le but est de manifester amour et solidarité envers les plus démunis doivent être encouragés et aidés par des aumônes individuelles, et aidés aussi par le gouvernement.
DU COTE JUIF
8 - Nous devons être attentifs à tout ce qui touche la sensibilité de nos frères juifs. Même s'il y a une très grande diversité d'opinions à l'intérieur du monde juif, il y a certains points auxquels tous sont sensibles:
a) L'Holocauste: le massacre de six millions de juifs innocents perpétré par les Nazis pèse de son poids terrible et douloureux sur l'ensemble du peuple juif.
b) L'Antisémitisme: après des siècles de souffrance et d'un martyre subi de la part de soi-disant chrétiens, nombreux sont les juifs qui gardent la peur, consciente ou inconsciente, que l'antisémitisme, si profondément ancré dans la culture occidentale, ne resurgisse avec plus ou moins de virulence. Dans le dialogue, il faut encourager juifs et chrétiens à déceler les sentiments les plus profonds qu'ils nourrissent les uns envers les autres. Il leur faut reconnaître avec franchise et simplicité les motifs d'animosité interreligieuse et s'efforcer constamment de s'ouvrir aux convictions d'autrui. Haïr son prochain est un péché grave envers le Dieu en qui, juifs comme chrétiens, nous avons foi.
c) L'Etat d'Israël: les juifs américains se sentent en lien de parenté avec les autres juifs du monde, et particulièrement avec ceux de l'Etat d'Israël. Même s'ils ne sont pas politiquement inféodés à Israël, ils sont très fiers de ce qui s'y réalise, de Jérusalem, la ville sainte, de cette vie nouvelle qu'ont pu retrouver, grâce à Israël, les survivants de l'Holocauste et ceux des juifs qui ont pu émigrer d'Union Soviétique. Pour bien des juifs, et pour bon nombre de chrétiens même, la création de l'Etat d'Israël représente comme l'accomplissement des promesses divines contenues dans les Ecritures. Les juifs américains font tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer la sécurité d'Israël. La majorité d'entre eux lui apportent une aide matérielle par l'intermédiaire de I'« United Jewish Appeal » ou d'autres organismes philanthropiques.
d) Le prosélytisme: les juifs restent très sensibles à toute activité qui, à leurs yeux, semblerait encourager la conversion. N'oublions pas qu'ils gardent encore le souvenir de ces époques où des hommes d'Eglise, poussés parun excès de zèle, les contraignaient à participer à des offices religieux au cours desquels le judaïsme était décrié et condamné; les conversions forcées ont été nombreuses dans le passé. Aussi, à leurs yeux, tout effort pour convertir certains d'entre eux au christianisme, que ce soit ouvertement ou par des moyens détournés, tout comme la conviction implicite que le judaïsme n'est qu'une religion incomplète sont inacceptables et rendent impossible le dialogue. Nos échanges mutuels doivent être considérés comme des sortes de tribunes où chaque partie exprime librement son point de vue avec l'espoir de promouvoir la connaissant et la compréhension mutuelles. Le dialogue n'a pas pour but la conversion.
e) Les mariages interreligieux: les juifs sont très soucieux de préserver leur peuple et le judaïsme en tant que chemin de vie, et l'expérience leur a prouvé que les mariages mixtes avaient pour conséquence inévitable l'amenuisement de leur communauté.
Les cinq points mentionnés ici ne sont pas exhaustifs; ils exigent cependant une étude sérieuse. Comme catholiques, nous devons être bien conscients que ces questions se poseront à peu près dans chacun des dialogues avec nos frères juifs.
DIVERS DIALOGUES POSSIBLES
9 - a) Dialogue entre prêtre et rabbin: dans ce genre de dialogues, prêtres et rabbins rechercheront des domaines d'intérêt commun. Puisque, par l'intermédiaire de la Bible hébraïque, nous partageons un même patrimoine scripturaire, il est fortement recommandé aux biblistes et aux clercs, juifs comme chrétiens, d'étudier ensemble les Ecritures. Le Concile Vatican II nous rappelle que: « du fait d'un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux juifs, le Concile veut encourager et recommander entre eux la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel » (NA. 4).
b) Séminaires: les séminaires sont le lieu idéal pour cet approfondissement studieux de notre héritage commun. Outre l'enseignement donné dans les homélies ou au cours de la liturgie, on doit s'efforcer de mettre en oeuvre les a Orientations et Suggestions » pour le dialogue religieux avec les juifs. En suivant ces instructions, nous pourrons réagir contre certaines interprétations antisémites de l'Evangile et permettre que se développent les richesses des uns et des autres dans des domaines tels que la musique, les fêtes liturgiques et les symboles. « En ce qui concerne les lectures liturgiques, on prendra soin d'en donner, dans l'homélie, une interprétation juste, surtout quand il s'agit de passages qui semblent placer le peuple juif en tant que tel sous un jour défavorable. On s'efforcera d'instruire le peuple chrétien de telle façon qu'il arrive à comprendre tous les textes dans leur véritable sens et dans leur signification pour le croyant d'aujourd'hui » (Orientations et Suggestions N.A. 1974, 11).
c) Mariage et famille: nos deux communautés attachent une grande importance au mariage et à la vie familiale, et à tout ce qui touche en ce domaine la justice et la moralité; c'est pourquoi une étude commune de ces questions pour un meilleur discernement et une action menée ensemble peuvent-elles être profitables aux uns comme aux autres. Il est important que les prêtres et les rabbins participent aussi, à leur niveau, aux échanges qui se font sur ces sujets, pour être mieux préparés au dialogue avec les communautés.
d) Education: l'éducation religieuse, bien organisée aux niveaux paroissial et secondaire pour les communautés juive et catholique de Brooklyn et Queens, offre une opportunité unique de continuer les efforts positifs du dialogue judéo-chrétien. En éduquant les jeunes dans la fidélité aux traditions religieuses et en encourageant l'étude des sources communes à ces deux traditions, nousinitions dès maintenant un dialogue qui portera des fruits dans l'avenir.
e) Interaction paroisse-synagogue: si le dialogue entre catholiques et juifs est appelé à s'approfondir et à prendre toute sa dimension, il doit aussi comporter des échanges à la base entre membres des deux communautés; mais, comme tout dialogue, ce dernier exige beaucoup de prudence, de patience et de compréhension. Dans cette recherche d'échanges entre paroisses et synagogues, les prêtres et les rabbins auront intérêt à faire appel aux conseils de la Commission diocésaine pour l'oecuménisme et du Comité pour les relations entre catholiques et juifs.
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Inserito 01/01/1970
Relazioni Ebraico-Cristiane
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